L’AVENIR DU SECTEUR DE L’ÉNERGIE, DU PÉTROLE ET DU GAZ AU CONGO

PROFESSIONNELS DU SECTEUR ET EXPERTS SE RÉUNISSENT À BRAZZAVILLE POUR ÉCHANGER SUR L’AVENIR DU SECTEUR DE L’ÉNERGIE, DU PÉTROLE ET DU GAZ AU CONGO

  1. Introduction

AME Trade Ltd, en partenariat avec le ministère des Hydrocarbures de la République du Congo, organise la 5ème édition de la Conférence et exposition internationale sur l’énergie (CIEHC 2022) du 30 novembre au 2 décembre 2022, au Centre international de conférence de Kintélé, à Brazzaville, au Congo. Cette édition succède à celle qui s’est tenue en 2021 et a rassemblé plus de 650 participants de 22 pays et plus de 45 exposants.

Le thème de cette année, « La transition énergétique du Congo : opportunités et défis », est particulièrement pertinent vu l’évolution récente en lien avec le changement climatique et l’exigence de s’engager dans la transition énergétique et une moindre exploration et exploitation de combustibles fossiles afin de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette évolution affectera certainement le secteur pétrolier et gazier des pays producteurs, d’où la nécessité que professionnels et experts échangent sur les défis et les perspectives de ce secteur stratégique afin d’assurer le développement et la croissance durable des pays.

  1. La transition énergétique et le secteur pétrolier et gazier du Congo.

La République du Congo est aujourd’hui le 3ème pays producteur de pétrole en Afrique subsaharienne. Le CIEHC est utilisé par le gouvernement pour partager et discuter de sa vision de l’avenir de l’industrie pétrolière et gazière nationale avec les grands acteurs du pays, sous fond d’une volonté mondiale de s’engager dans la transition énergétique en faveurs d’alternatives faiblement émettrices de Co2. La transition énergétique est en cours et le monde s’éloigne lentement des combustibles fossiles. S’ils bénéficieront du contrôle de la température de la planète, pour les pays africains producteurs de pétrole et de gaz, l’abandon des combustibles fossiles risque d’être très difficile, notamment pour ceux qui, comme le Congo, tirent une part substantielle de leurs devises et de leurs recettes publiques de ce secteur.

Comme le soulignent l’AIE et l’IRENA, cette transformation du système énergétique mondial pose des questions vitales à de nombreux grands pays producteurs de pétrole et de gaz. Les politiques climatiques internationales et le progrès de la technologie faiblement émettrice de CO2 pourraient mettre sous forte pression les modèles de développement étroitement dépendants aux revenus des hydrocarbures. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a, par exemple, estimé que dans un scénario conforme à l’objectif de l’Accord de Paris, les producteurs d’hydrocarbures seraient non seulement confrontés à une baisse structurelle des prix du pétrole mais aussi à un ralentissement de la demande lié à des politiques plus rigoureuses en matière d’efficacité énergétique. Les producteurs de pétrole et de gaz pourraient ainsi voir leurs revenus baisser fortement (de 25 à 40 %) d’ici à 2040. L’absence de réformes économiques se traduirait alors par d’importants déficits de la balance courante, une pression baissière sur le cours des devises nationales et une réduction des dépenses publiques. Avec plus de 80 % de ses revenus tirés du pétrole et du gaz, les troubles sociaux et politiques pourraient s’inviter au Congo.

En outre, le Congo devra impérieusement réévaluer les investissements dans les projets pétroliers et gaziers. En effet, le risque d’actifs échoués et de projets pétroliers et gaziers dont la viabilité économique n’est plus d’actualité, augmentera à mesure que la transition énergétique s’accélérera. Vu l’incertitude croissante sur les futurs revenus pétroliers et gaziers, le maintien des investissements publics dans les projets pétroliers et gaziers fait peser un risque économique et financier considérable sur un pays dont les revenus dépendent de ces ressources. En outre, ces investissements seront en contradiction avec les engagements internationaux de réduction des émissions de carbone énoncés dans l’Accord de Paris et ne sont donc viables que si ces objectifs ne sont pas atteints.

Si la demande peut, pour l’instant, continuer à augmenter en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les décisions d’investissement dans des projets pétroliers et gaziers que les gouvernements prennent aujourd’hui pourraient mettre leurs finances publiques en péril à l’avenir. Les pays producteurs de pétrole et de gaz sont exposés, notamment par l’intermédiaire de leurs compagnies pétrolières nationales (CPN). Mais les gouvernements peuvent réduire le risque de décisions à courte vue en améliorant la planification et la communication publique des données clés qui sous-tendent les décisions d’investissement.

Il faut souligner que la transition vers une énergie propre pourrait être à la fois un défi et un avantage pour le Congo. L’impact sur l’investissement dans l’exploration et la production des ressources pétrolières et gazières est un défi mais, côté avantages, des opportunités peuvent s’ouvrir pour un pays qui a besoin d’équipements, de technologies et de services avec la création de nombreux emplois dans le secteur énergétique. Au niveau mondial, ces emplois supplémentaires liés à la transition énergétique devraient générer, en moyenne, un 1 % d’emplois en plus tout au long de la transition (jusqu’en 2050). Les emplois supplémentaires culminent vers 2030 à 51 millions (26 millions dans le seul secteur de l’énergie).  Le Congo bénéficierait également d’opportunités d’emplois supplémentaires dans le domaine juridique, la fiscalité, la logistique, la sécurité et l’environnement et le travail qualifié (conducteurs de camion, grutiers).  Par conséquent, au Congo, la transition énergétique aura un impact positif sur le bien-être général grâce à des améliorations dans le secteur médical et un meilleur accès à l’énergie.

  1. Le programme du CIEHC 2022

Le CIEHC est un événement stratégique sur les opportunités d’affaires, et les défis, dans le secteur des hydrocarbures en République du Congo. Il consiste en trois jours de conférence, une exposition commerciale, des ateliers interactifs ainsi que des visites techniques et touristiques. Depuis sa première édition en 2011, le CIEHC est devenu le plus ancien et le plus important rendez-vous d’affaires, du secteur pétrolier et gazier, au Congo ainsi que dans l’ensemble de l’Afrique centrale. Le CIEHC a pour but principal d’encourager et de promouvoir la mise en œuvre de projets qui aideront le secteur pétrolier et gazier à répondre à la volonté du gouvernement d’utiliser les ressources en hydrocarbures du pays afin de diversifier durablement l’économie, créer des emplois, transférer des technologies, renforcer les capacités locales, améliorer le bien-être de la population, stimuler la transition énergétique et faire du Congo le hub pétrolier et gazier de la sous-région.

L’élan mondial en faveur de la transition énergétique a obligé les pays producteurs à revoir leur stratégie de croissance et de développement économique afin de tenir compte des défis et des opportunités en lien avec la transition. C’est l’idée derrière le thème du CIEHC cette année. Le programme prévoit une session ministérielle de haut rang qui abordera « Les défis dans le secteur pétrolier et gazier et la voie à suivre pour les pays producteurs africains au cours des quatre prochaines décennies ».

La session réunira des ministres africains de l’énergie, du pétrole et du gaz chargés de gérer les défis et les opportunités au vu des évolutions récentes dans le secteur pétrolier et gazier et qui sont donc idéalement placés pour indiquer aux pays producteurs la voie à suivre. Ces échanges contribueront à sensibiliser les gouvernements et faire en sorte qu’ils ne soient pas pris au dépourvu par des changements soudains de politiques nationales, régionales ou mondiales dus à la transition énergétique. La probabilité d’un changement radical de la législation dans les principaux pays consommateurs de pétrole, bien que difficile à prévoir, ne doit pas être sous-estimée dans un contexte de mutation rapide, vu la pression internationale croissante et l’urgence de la crise climatique. De plus, l’industrie pétrolière et gazière est sous la pression croissante des gouvernements, des investisseurs et des populations qui leur demandent de contribuer à la décarbonisation du système énergétique mondial. Enfin, les décideurs doivent connaître ces problématiques et élaborer des politiques pour y répondre. Les ministres échangeront sur la viabilité d’un abandon total des combustibles fossiles et sur l’impact éventuel, à court, moyen et long terme, sur le développement durable et la croissance économique des producteurs africains de pétrole et de gaz.

  1. Conclusion

Comme tous les pays producteurs de pétrole et de gaz, le Congo n’est pas à l’abri de la transition énergétique qui pourrait s’avérer positive en incitant à considérer la diversification économique comme incontournable afin de garantir un avenir économique prospère et faiblement émetteur de carbone. Si le gouvernement du Congo doit veiller à diversifier son économie au-delà des combustibles fossiles, il doit aussi clairement définir les hypothèses et les orientations sur lesquelles fonder sa stratégie future pour le secteur pétrolier et gazier ainsi que les décisions d’investissement public. Cette année, lors du CIEHC, les professionnels et les experts réunis pour échanger sur les sujets prévus dans le programme, trouveront des solutions qui aideront le gouvernement congolais à atténuer l’impact de la transition énergétique sur le développement durable et la croissance économique.