Dr Omar Farouk Ibrahim

Dr Omar Farouk Ibrahim | Secrétaire général | l’Association des producteurs de pétrole africains (APPO)

 

La 5ème édition de la Conférence Internationale des Hydrocarbures du Congo, CIEH, se déroulera du 30 novembre au 2 décembre au Centre de Conférence de Kintele sous le thème Opportunités et Défis de la Transition Énergétique du Congo. Pouvez-vous partager avec nous comment APPO participera à l’événement et qu’espérez-vous apprendre en y participant ?

Je voudrais commencer par féliciter le Pays Membre, la République du Congo pour les progrès constants que le CIEH a enregistrés depuis son inauguration il y a cinq ans. Le nombre de participants et d’exposants clés ainsi que d’intervenants n’a cessé d’augmenter depuis la toute première édition, et je pense que le ministère des Hydrocarbures et les organisateurs méritent des félicitations pour les efforts qu’ils ont déployés pour mieux faire connaître les perspectives de l’industrie au Congo. Cela dit, je voudrais également dire que le thème : Opportunités et défis de la transition énergétique au Congo est un thème très actuel compte tenu de l’élan que cette transition énergétique a pris ces dernières années.

L’APPO participera pleinement à cet événement important comme elle l’a toujours fait dans le passé. Nous avons été invités à donner un discours d’ouverture et nous profiterons de cette occasion pour articuler notre position sur la transition énergétique mondiale. Nous aurons également un stand lors de l’événement pour mieux communiquer notre mission au public et éclairer les gens sur ce que nous faisons.

 

Le Secrétariat de l’APPO a déployé de nombreux efforts pour sensibiliser et faire connaître les activités de l’APPO à l’échelle mondiale. Par conséquent, l’APPO est désormais bien connue et positionnée au sein de l’industrie en tant que voix et autorité de premier plan sur les problèmes auxquels l’industrie pétrolière et gazière en Afrique est confrontée. Pouvez-vous nous faire part des priorités à moyen terme de l’Organisation ?

Les changements que vous avez remarqués dans APPO sont dictés par les réalités de l’époque. Si nous avions continué à faire les choses comme nous l’avions fait depuis la création de l’APPA en 1987, l’industrie pétrolière et gazière en Afrique serait désormais en voie d’extinction. Mais ayant réalisé au début du discours sur la transition que les économies de la plupart des pays africains producteurs de pétrole et de gaz sont fortement dépendantes des revenus des provenant des combustibles fossiles, nos Ministres ont décidé qu’il était très important de réformer l’APPA pour pouvoir relever les défis que l’énergie mondiale devra poser aux producteurs africains de pétrole et de gaz, et même aux non-producteurs.

L’APPO a mené une étude majeure sur l’avenir de l’industrie pétrolière et gazière en Afrique à la lumière de la transition énergétique et est parvenue à la conclusion que 4 défis sont posés à l’industrie alors que le monde poursuit la transition énergétique. Ce sont des défis de finance, de technologie, de marchés et d’expertise.

Pour relever ces défis à court et moyen terme, APPO a pris les initiatives suivantes :

  • Sur le financement : La création d’une banque continentale pour l’industrie de l’énergie, avec un accent sur les projets pétroliers et gaziers, en particulier les infrastructures. Un protocole d’accord a été à cet effet signé à Luanda en mai dernier, entre APPO et Afreximbank, et les négociations ont atteint un stade avancé. Une fois établie, la Banque Africaine de l’Énergie (BAE) disposera de 6 milliards de dollars pour commencer, avant même que nous ayons ouvert nos portes aux investisseurs.
  • Sur le défi de la technologie et de l’expertise : Une équipe du Secrétariat de l’APPO est actuellement en mission dans les Pays Membres pour évaluer les institutions de recherche, de technologie, de développement, d’innovation et de formation dont ils disposent en vue d’identifier celles qui peuvent être facilement désignées et rénovées comme centres régionaux d’excellence pétrolière et gazière de l’APPO.
  • Sur les marchés : L’APPO estime que l’Afrique a le marché pour consommer une grande partie de ses ressources en énergie. Ce qui manque, c’est l’autonomisation de ce marché. Avec une population de 1,3 milliard, dont 900 millions n’ont pas accès à l’énergie moderne pour la cuisson ou d’autres usages domestiques, il est absurde de dire que l’Afrique n’a pas de marché. Au contraire, l’Afrique n’a pas développé le marché potentiel. Et pour ce faire, APPO s’associe à d’autres pour fournir l’infrastructure énergétique nécessaire qui déplacera l’énergie des zones d’abondance vers les zones de besoin. Nous travaillons par exemple avec le Central Africa Business Energy Forum CABEF, pour avoir le projet d’infrastructure énergétique le plus ambitieux du continent, à savoir le projet System de Pipeline de l’Afrique Centrale. Ce projet envisage de relier 11 États d’Afrique centrale par un gazoduc, un oléoduc en un pipeline pour les produits pétroliers.

Compte tenu du changement de paradigme mondial, comment l’APPO voit-elle le développement du gaz dans les pays membres en termes d’utilisation domestique et d’exportation ?

L’Afrique possède plus de 500 billions de pieds cubes de réserves prouvées de gaz, mais à ce jour, plus de 900 millions de personnes vivent sans accès à l’énergie moderne à usage domestique car le marché africain n’est pas bien développé.

Le gaz étant le combustible fossile le plus propre, il est donc temps que l’Afrique s’approprie son usage au détriment du bois de chauffe qui est aujourd’hui le plus utilisé. Le développement du marché africain du pétrole et du gaz est la voie pour résoudre ce problème. Pour y parvenir, les pays doivent réfléchir au développement des infrastructures transfrontalières afin de rapprocher les produits des consommateurs, étant entendu que tous les pays ne sont pas producteurs, mais tous ont besoin de gaz, de pétrole brut et de produits pétroliers pour leur industrialisation et leur développement. Il n’y a ni d’industrie ni de développement sans énergie.